PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIl" SIÈCLE                     '299
longea pendant une trentaine d'années au moins avec un certain éclat.
La ville de Tours avait possédé au xvic siècle, comme on l'a vu, des tapissiers d'un réel mérite. Ses magistrats eurent l'ambition dc0 faire revivre une industrie jadis florissante et s'adressèrent aux per­sonnages les plus capables de répondre à leurs intentions.
Des lettres patentes du mois de février 1613 accordaient à Marc de Comans et à François de la Planche, les deux directeurs des Go­belins, le privilège du nouvel établissement, pour l'exploitation duquel ils s'associaient deux autres tapissiers, Alexandre Motheron et Jacques Cottart. Ceci s'explique de la façon la plus naturelle. En effet, les directeurs de la manufacture de Paris ne pouvaient être.astreints à résider constamment à Tours. Les deux associés qu'ils- s'étaient donnés, avec l'autorisation du roi, devaient les sup­pléer la plus grande partie de l'année.
On retrouve dans ces lettres de fondation les clauses habituelles des actes de cette nature. La durée du privilège est fixée à quinze années, pendant lesquelles aucun ' établissement semblable ne pourra s'établir à Tours ou dans les environs. Les entrepreneurs devront avoir constamment huit métiers au moins en activité. Us prennent l'engagement d'instruire et dé nourrir, pendant cinq ans, huit apprentis désignés par les magistrats de Tours, qui pourvoiront à leur habillement et à leurs autres besoins, et qui se réservent en conséquence le choix des candidats. En dédomma­gement de cette charge, Comans et de la Planche reçoivent une somme de 15,000 livres, dont 6,000 comptant et le surplus en trois années. L'inexécution de cette clause leur donne le droit de fermer immédiatement la manufacture. Enfin ils sont exemptés de toutes charges et impôts, même de ceux qui frappent les ecclésias­tiques et autres personnes privilégiées.
L'atelier tourangeau organisé par les fondateurs de Ia première manufacture des Gobelins eut son heure de prospérité. Il fut encouragé par les plus grands personnages du temps. Le cardinal de Richelieu s'adressa plusieurs fois à lui. Ses productions étaient estimées. Les tapissiers parisiens lui accordent de grands éloges en 1718.
Le mobilier de la couronne possédait sous Louis XIV une suite attribuée par l'inventaire aux tapissiers de Tours. C'est la tenture de C ortolan, dont ii existe encore au mobilier national plusieurs